TY - JOUR AU - Jollivet, Lucie PY - 2018/01/01 Y2 - 2024/03/28 TI - Les humanistes français, le roi et le tyran. Débats autour du tyrannicide au sein du milieu humaniste français, 1ère moitié du XVe siècle JF - Medievalista JA - med VL - 1 IS - 23 SE - Dossier DO - 10.4000/medievalista.1641 UR - https://medievalista.iem.fcsh.unl.pt/index.php/medievalista/article/view/111 SP - AB - <p>Le 23 novembre 1407, le meurtre avec préméditation de Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI, par les sbires de leur cousin Jean de Bourgogne, remet la question du tyran et du tyrannicide au centre des débats entre intellectuels. En effet, après avoir avoué être le commanditaire du crime, Jean sans Peur revient sur ses déclarations et demande à une équipe de théologiens, dirigée par le normand Jean Petit, de préparer sa défense. Cette justification est exposée au public en 1408 et repose sur un argument repris au juriste-consulte Cassius:&nbsp;<em>vim vi repellere licet</em>. Louis aurait été un tyran dont le meurtre aurait été à la fois licite et juste. L’affirmation apparaît comme un écho des débats autour du tyrannicide qui agitent les humanistes italiens depuis la 2<sup>ème</sup>&nbsp;moitié du XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle. Mais l’actualité du crime rend la proposition de Jean Petit d’autant plus choquante que la justice royale se trouve paralysée face au refus de l’aveu. Devant l’incapacité de la justice publique à réagir, la famille et les proches du défunt n’ont plus d’autre choix que la vengeance pour obtenir réparation. Le milieu humaniste français, constitué d’humanistes avérés et reconnus, tels Nicolas de Clamanges, Laurent de Premierfait et Alain Chartier, et des universitaires, tentés par ce nouveau mouvement intellectuel, comme Pierre d’Ailly et Jean Gerson, réactivent la polémique italienne en l’adaptant au contexte: Qu’est-ce qu’un tyran? Quelle est la différence entre le tyran et le roi légitime? Est-il licite de tuer le tyran pour sauver le roi? Les humanistes et leurs amis cherchent la réponse la plus juste à ces questions, car l’enjeu est alors immense: la sauvegarde du royaume de Franc.</p><p>&nbsp;</p><p><strong>Bibliographie</strong></p><p><strong>Sources</strong></p><p>CHARTIER, Alain –&nbsp;<em>Ad destestationem belli gallici et suasionem pacis</em>. Ed. Pascale Bourgain-Hemeryck –&nbsp;<em>Les œuvres latines d’Alain Chartier</em>. Paris: CNRS, 1977, pp. 225-237.</p><p>CLAMANGES, Nicolas –&nbsp;<em>Expositio super quadraginta septem capitula Isaye</em>, Arsenal, ms. 137.</p><p>CLAMANGES, Nicolas –&nbsp;<em>De lapsu et reparartione justitie</em>, Bâle, 1519.</p><p>CLAMANGES, Nicolas –&nbsp;<em>Epistola CXXXVII</em>,&nbsp;<em>Quoniam princeps illustris</em>. Ed. Lydius –&nbsp;<em>Opera Omnia</em>. Leyde, 1613, T.II, pp. 347-353.</p><p>MONTREUIL, J. –&nbsp;<em>Opera IV.</em>&nbsp;<em>Monsteroliana</em>. Ed. Ezio Ornato, Gilbert Ouy, Nicole Pons. Paris: CEMI, 1986, épître 202, pp. 278-279.</p><p>PREMIERFAIT, Laurent de –&nbsp;<em>Des Cas des nobles hommes et femmes</em>. Paris, BN, fr.131. Ed. Carla Bozzolo, inédit.</p><p>PREMIERFAIT, L. –&nbsp;<em>De l’amitié,</em>&nbsp;Paris, BN, fr.24283.</p><p>&nbsp;</p><p><strong>Sources secondaires</strong></p><p>BOCCACE –&nbsp;<em>De Casibus</em>, II, 5, “contra filios tyrannorum”. Ed. P.G Ricci et V. Zaccaria. Milan: Arnoldo Mondadori, 1984.</p><p>MONSTRELET, E. –&nbsp;<em>Chroniques</em>. Ed. J.A. Buchon. Paris: Verdière, 1827.</p><p>PATERCULUS, V. –&nbsp;<em>Histoire romaine, II</em>. Ed. Baptiste Lescaut. Anvers: Au navire d’argent, 1679.</p><p>SAINT AUGUSTIN –&nbsp;<em>De Civitate Dei</em>, Livre V, chap. 19. Ed. J.P Migne&nbsp;<em>– Sancti Aurelii Augustini opera omnia, Patrologie latine 32–47</em>.Paris: Ateliers catholiques, 1844, réimp. Turnhout: Brépols, 1993.</p><p>&nbsp;</p><p><strong>Études</strong></p><p>AUTRAND, Françoise –&nbsp;<em>Charles VI</em>. Paris: Fayard, 1986.</p><p>BOZZOLO, Carla – “L’intérêt pour l’histoire romaine à l’époque de Charles VI: Laurent de Premierfait”. in&nbsp;<em>Saint-Denis et la royauté, études offertes à Bernard Guenée</em>. Paris: Publications de la Sorbonne, 1999, pp. 109-124.</p><p>– Un homme populaire et de petite science au service des hommes de pouvoir: l’humaniste Laurent de Premierfait”. in Karen L. Fresco (ed.),&nbsp;<em>Authority of Images / Images of Authority<strong>:&nbsp;</strong>Shaping Political and Cultural Identities in the Pre-Modern World</em>. Kalamazoo: Western Michigan University, 2016, pp. 159-171.</p><p>– “La conception du pouvoir chez Laurent de Premierfait”. Réimp. in BOZZOLO, Carla (ed. ) –&nbsp;<em>Un traducteur et un humaniste de l'époque de Charles VI: Laurent de Premierfait</em>. Paris: Publications de la Sorbonne, 2004, pp. 53-68</p><p>COVILLE, Alfred –&nbsp;<em>Le véritable texte de la justification du duc de Bourgogne par Jean Petit, 8 mars 1408</em>. Paris: Daupeley-Gouverneur, 1911.</p><p>–&nbsp;<em>Jean Petit. La question du tyrannicide au commencement du XVe siècle</em>. Paris: Picard, 1932.</p><p>– “Un ami de Nicolas de Clamanges, Jacques de Nouvion (1372-1411)”.&nbsp;<em>Bibliothèque de l'école des chartes</em>. Paris; Genève: Droz, 1935, tome 96, numéro 1, pp. 63-90.</p><p>GAUVARD, Claude –&nbsp;<em>De grace especial. Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge.&nbsp;</em>Paris: Publications de la Sorbonne, 1991.</p><p>–&nbsp;<em>Violence et ordre public au Moyen Âge</em>. Paris: Picard, 2005</p><p>GUENÉE, Bernard –&nbsp;<em>Entre l’Eglise et l’Etat.&nbsp;</em><em>Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Âge</em>. Paris: Gallimard, 1987.</p><p>–&nbsp;<em>Un meurtre, une société.&nbsp;</em><em>L’assassinat du duc d’Orléans (23 novembre 1407)</em>. Paris: Gallimard, 1992.</p><p>LECUPPRE-DESJARDIN, É. –&nbsp;<em>Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne (XIVe-XVe siècle)</em>. Paris: Belin, 2016.</p><p>LEVELEUX-TEXEIRA, Corinne – “Du crime atroce à la qualification impossible. Les débats doctrinaux autour de l’assassinat du duc d’Orléans 1408-1418”. in FORONDA, F.; BARRALIS, Ch.; SÈRE, B. (dir. ) –&nbsp;<em>Violences souveraines au Moyen Âge. Travaux d’une école historique</em>. Paris: PUF, 2010, pp. 261-270</p><p>LEVELEUX-TEXEIRA, Corinne – “Le lien politique de la fidélité jurée (XIIIe-XVe siècle)”. in ALLIROT, A-H.; GAUDE- FERRAGU, M.; LECUPPRE, G.; LEQUAIN, É.; SCORDIA, L.; VÉRONÈSE, J. (eds.) –&nbsp;<em>Une histoire pour un royaume (XIIe-XVe siècle)</em>. Actes du colloque Corpus regni en hommage à Colette Beaune. Paris: Perrin, 2010, pp. 197-217.</p><p>– ; RIBÉMONT, Bernard, (dir. ) –&nbsp;<em>Le crime de l’ombre.&nbsp;</em><em>Complots, conspirations et conjurations au Moyen Âge.&nbsp;</em>Paris: Klincksieck, 2010.</p><p>KRYNEN, Jacques<em>&nbsp;– Idéal du Prince et pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge (1380-1440)</em>. Paris: Picard, 1981.</p><p>SCHNERB, Bertrand –&nbsp;<em>Les Armagnacs et les Bouguignons. La maudite guerre</em>. Paris: Perrin, 1988.</p><p>–&nbsp;<em>L’État bourguignon (1363-1477).&nbsp;</em>Paris: Perrin, 1999.</p><p>–&nbsp;<em>Jean sans Peur. Le prince meurtrier</em>. Paris: Payot, 2005.</p><p>SWANSON, Robert N. –&nbsp;<em>Universities, Academics and The Great Schism</em>. Cambridge: Cambridge University Press, 1979.</p><p>JOLLIVET, Lucie –&nbsp;<em>Les humanistes français face aux crises du début du XVe siècle</em>. Rennes 2, 2013. Thèse de doctorat. Disponible en ligne sur theses.fr.</p> ER -